vendredi 23 septembre 2011

Juillet 2011 : Kansai, Nagasaki.



Allez c'est parti pour un petit retour en arrière.

Le 1er juillet, à 16h, je salue plus longtemps que de coutume mes collègues ; ça y est, l'heure H est arrivée, j'ai définitivement fini de travailler à la boulangerie. La petite routine "maison-boulangerie-maison", pourtant si bien installée, est officiellement terminée.

Certes, je participerai encore le 3 juillet à la pré-ouverture (si si, ça se fait xD) du nouveau magasin, flambant neuf, à Kamakura. J'y ai aidé en disant "Irrashaimase, bienvenue" à la porte et en donnant des paquets souvenirs aux clients qui avaient eu la bonté d'âme de passer par là. Il paraît que ça donne vraiment une bonne image à l'enseigne....moi je veux bien tout, si ça peut servir...lol


Et trois jours plus tard valises bouclées, départ pour le Kansai en bus de nuit pour rejoindre le chéri dans sa verte campagne. Quel plaisir de se retrouver après deux mois ! Je ne reste cependant que trois jours car je pars ensuite à Nagasaki. Mais on a quand même pris le temps d'aller visiter l'aquarium d'Osaka, dont je n'avais entendu que du bien, et qui est réellement un chouette endroit à voir (mais j'y suis allée trois semaines avant l'arrivée de la petite femelle requin-baleine qui était attendue comme la nouvelle mascotte, tristesse T_T).

Le bassin principal, symbolisant l'océan Pacifique, et où se prélasse un requin-baleine suivi d'une myriade de poissons divers, est impressionnant.

Il y avait aussi entre autres un bélouga un peu tristoune dans son bassin sans rien, des otaries dont une franchement hargneuses, et des marsouins trop choupis, et à la fin une sorte de partie temporaire de l'aquarium qui change dans l'année, avec pour thème les "poissons mignons". Tout plein de petits poissons aux têtes marrantes, et en prime on pouvait caresser des petits requins (c'est pas du grand blanc, je vous rassure XD) et des raies dans un bassin !


Après ces trois jours de repos avec la famille du chéri, je suis partie en bus de nuit de Himeji jusqu'à Fukuoka, passant pour la première fois de l'île de Honshu à celle de Kyushu, au sud de l'archipel. J'adore le bus de nuit au Japon, vraiment. C'est bien organisé, ponctuel (voire même en avance pour l'arrivée...) et pas un bruit dans le bus, on est tranquille ! Je suis arrivée à Fukuoka sur les coups de 6h du matin, et je prenais un bus pour Nagasaki dans la foulée. J'étais tellement crevée que j'ai dormi durant pratiquement tout le trajet. Vers 11h, enfin, je suis arrivée à Nagasaki. J'étais toute excitée à l'idée d'être là, tout au sud du Japon, terre inconnue et prometteuse de chouettes découvertes.


J'ai attendu une amie japonaise qui avait la gentillesse de m'accueillir pendant les trois jours à passer dans cette ville. Nous avons commencé par prendre le tramway, une institution dans cette ville ! Elle m'a emmené voir les incontournables : on est allé se promener du côté de l'église Oura, bâtie par un prêtre français, et du Glover Garden, un parc fleuri très joli où ont été rassemblées toutes les maisons de style occidental construites à Nagasaki par les étrangers venus s'installer là.
C'est là qu'on comprend la particularité de cette ville : Nagasaki n'est pas entièrement le Japon. C'est aussi un mélange de Chine et d'Europe posé là sur quelques collines, dans une petite baie tranquille aux confins de l'archipel. Ca n'a pas été le premier port japonais ouvert au monde pour rien, ça se voit.


D'ailleurs, après cette promenade sous une chaleur assez étouffante, nous sommes allées manger dans une grande cantine vide tout près, un "toruko rice", spécialité de Nagasaki. Ce plat très consistant est généralement composé de riz au curry, d'une petite portion de spaghetti, de salade et de tonkatsu (porc frit). Nous on a eu une version avec du riz cantonais, je préfère =D. Cette diversité symbolise en quelque sorte la diversité des cultures qu'on peut trouver à Nagasaki. 

Une fois l'estomac bien rempli, nous sommes allées nous promener du côté du temple de Confucius, régi par la République populaire de Chine attention. Un vrai carré de Chine au Japon. Il s'agit d'un très beau temple de style typiquement chinois dédié, on s'en doute, au grand maître spirituel qu'est Lao Zi, alias Confucius. Attenant au temple, un petit musée présentant des collections temporaires tout droit venues de Chine.

Fatiguées par la chaleur, nous sommes allées du côté du Megane-bashi, le pont "à lunettes" le plus célèbre de la ville, et l'endroit était si agréable qu'on est restées presque une heure assises sur un banc à discuter. 

A une dizaine de minutes de marche tranquille, nous nous sommes retirées dans le calme du secteur où se rassemblent une dizaine de temples bouddhistes, au pied d'une colline. Il était plus de 17h, heure où les temples bouddhistes sont généralement fermés. Quand nous sommes arrivées devant le célèbre temple Sofukuji, au style architectural rare même en Chine, rien n'indiquait qu'il était fermé, sauf les guichets où était indiqué le prix de la visite en japonais. Alors oui, j'avoue, nous sommes quand même entrées, préparant le prétexte de n'avoir pas compris que le temple était fermé au cas où nous rencontrions quelqu'un. Nous n'avons croisé personne, et avons profité du temple, sous la douce lumière du soleil déclinant, sans touriste. C'était une fraude magnifique.

Après un passage rapide par chez mon amie pour se laver et se changer, on prend le bus pour se rendre au fin fond de Nagasaki dans un kaiten-zushi, où je retrouve des amis venus étudier dans ma ville l'année précédente. Nous festoyons de délicieux sushis, et l'un d'entre nous suggère qu'on aille faire des feux d'artifice quelque part. Nous allons donc jusqu'à un supermarché qui en vend, et en profitons pour faire une razzia sur les glaces. Il n'y a plus de bus pour retourner plus près du centre-ville ou d'une place, alors on part dans le coin en quête d'un parc. Nous en trouvons un minuscule, coincé entre des résidences et de grands immeubles. Je reste éberluée qu'au Japon on puisse faire des feux d'artifice (pas si bruyants, certes) dans des zones résidentielles comme ça, si naturellement, mais bon c'est une institution chez eux, ça passe. Pas chez nous par contre... 
Et on a passé la soirée à tenter d'écrire des mots et des symboles dans l'air avec nos feux allumés, et ça rendait trop bien d'ailleurs, on a bien rigolé.


Le lendemain, réveil tranquille pour aller faire un tour du côté du parc du Mémorial de la Paix, de la zone de l'épicentre de la Bombe A et de la cathédrale Urakami. Chacun de ces lieux est évidemment lié à la partie la plus douloureuse de l'histoire de Nagasaki : le 9 août 1945, est-il besoin de le rappeler, la deuxième bombe atomique explose sur la ville, à une centaine de mètres de la cathédrale Urakami, complètement soufflée par l'explosion. On a entrepris de conserver un mémorial à l'endroit exact de l'épicentre, et le parc dédié à la Paix situé tout près évoque bien sûr le souhait que la menace de l'arme nucléaire soit neutralisée. C'est chargé de souvenirs, de moments durs. Pas autant qu'à Hiroshima, mais c'en était les prémices.

On note que la cathédrale reconstruite reprend la forme de l'ancienne, qui était magnifique, mais sous un aspect épuré et plus austère, surtout à l'intérieur.

Il faisait particulièrement chaud ce jour-là, on a donc fait une longue pause près d'une petite rivière tout près de l'épicentre. Une rivière presque irréelle de tranquillité à côté des souvenirs de l'horreur.
Pour continuer la journée sur une note un peu plus légère, nous sommes allés rejoindre d'autres amis pour manger des "chanpon ramen", un plat originaire de Chine. Il s'agit d'un bouillon de nouilles servi avec des légumes et du porc frits. Délicieux, et encore une fois consistant !

Pour finir la journée tranquillement, un petit karaoke, suivi de purikura, était idéal.
Et pour mon dernier jour à Nagasaki, une petite virée par l'Université des Langues Etrangères, où étudient la plupart de mes amis d'ici. J'en ai revu certains, assisté à un cours de français d'un prof que je connais, et mangé au resto U comme tout le monde, et c'était bien bon. Et puis est venu l'heure de partir pour la gare, pour partir vers Kumamoto. J'ai eu droit à la traversée de Nagasaki en scooter car deux de mes amis m'ont accompagnée jusqu'à la gare, et c'était génial *-*

Je garderai un excellent souvenir de cette ville, qui a été à la hauteur de mes espérances en matière de découvertes. J'espère pouvoir y retourner un jour !

Prochain épisode : Kumamoto et Fukuoka.



lundi 12 septembre 2011

Une autre étape s'annonce !

Voilà. Après avoir dévoué récemment le plus clair de mon temps à mon copain qui n'est resté qu'à peine un mois et demi en France avec moi, j'ai dû le laisser partir à l'aéroport de Roissy ce matin. Il arrivera au Japon au petit matin heure française. J'étais étrangement sereine hier, sans aucune appréhension, et ce matin, la carapace s'est une fois de plus fissurée dès l'arrivée dans la gare RER de l'aéroport. Comme si on avait sournoisement appuyé sur un bouton déclencheur quelque part sur moi, ouvrant les vannes et laissant s'échapper des larmes traîtresses. Je me suis reprise un peu, puis ça a recommencé lorsque mon chéri allait bientôt embarquer.
Rationnellement, je sais déjà que ces pleurs ne servent à rien. Je sais qu'on va se retrouver dans trois mois au mieux, au pire trois de plus. Je sais que ce n'est que temporaire, et qu'on a déjà réfléchi à beaucoup de choses ensemble et que c'était une séparation nécessaire. Je suis plutôt confiante.
Mais voilà, il semble que je sois programmée pour détester toute forme de séparation avec lui dans un aéroport, une gare, ou autre. C'est la tristesse du moment, mais elle est brusque.

J'ai pourtant pu quitter l'aéroport calmée. J'ai retrouvé la grisaille parisienne entrecoupée d'éclaircies en faisant des allers et retours sur les ponts de la Seine. J'ai pu constater véritablement que Paris, avec son fleuve, ses palais grandioses, ses fioritures et ses statues à tous les coins de rues, était beau. Plus beau que Tokyo, assurément. Tokyo qui paraît si froid même sous le doux soleil du printemps, à cause de ses buildings immenses sans âme, quoique impressionnants. Mais Paris est si sale, et inspire si peu confiance. Les monuments ne rattrapent pas les déchets ça et là dans la rue, ni le sentiment qu'on risque de se faire voler son sac dans le métro. On n'a tellement pas cette crainte dans la capitale nippone...
C'est écrit partout, bien des expat' l'ont déjà dit, mais je me suis réellement fait la remarque aujourd'hui.

Quelques photos sur mon chemin, un train en milieu d'après-midi, et je suis de retour chez moi, tandis que la pluie se remet à tomber sur ma fenêtre. Je me sens un peu vide, cependant. Le manque est encore tout récent. Ca doit être une étape obligée dans une relation à distance... laissons passer la nuit.
Je n'ai plus qu'à attendre la prochaine fois. Et j'ai de quoi m'occuper avec tout ce que je dois mettre à jour sur ce blog. C'est pour très bientôt, donc.