vendredi 24 juin 2011

Nouvelles histoires de pâtisserie (version café).

J'ai repris mon petit boulot à la boulangerie après mon absence de deux mois, et les choses n'avaient pas beaucoup changé. Ayant retrouvé mes réflexes, j'ai très vite repris le rythme de la vente et du café. En réalité, j'ai passé d'abord la plupart de mon temps au café, comme cela semblait être mon "destin" depuis mon arrivée dans cette boutique.

J'en profite pour enchaîner sur "comment ça se passe au café", car je n'en ai pas encore parlé et j'avais promis de le faire. Le café au premier étage de la boulangerie est une petite structure qui peut accueillir une trentaine de personnes maximum. Les clients disposent d'un menu, mais peuvent également acheter des pains en bas et les déguster au café, moyennant la commande d'une boisson. Dans ce cas, ils nous remettent les pains dans un petit panier et on se charge de leur couper ou réchauffer leurs pains et de les présenter dans une petite assiette (oui, là j'avoue j'ai l'impression d'être dans un pays d'assistés lol). C'est donc un café ordinaire, où je dois servir les clients en fonction de leur commande, rien de sorcier donc.
Là où ça se complique, c'est qu'il y a des petites variations qui mettent du temps à rentrer dans ma petite tête =D. Du genre, les boissons type Ice Tea et Ice Coffee ne sont pas servies dans des bouteilles toutes prêtes, on les fait nous-même, et apparemment dans d'autres cafés japonais c'est aussi comme ça. Mais du coup, ça ne se boit pas forcément "tel quel". Il faut les servir avec un petit pichet de "sirop" sucré que les gens versent à leur guise dans leur boisson. Ca prend un peu de temps en plus et c'est pas super pratique vu le nombre réduit de pichets qu'on a en réserve, comparé au nombre de commandes parfois...
Des mini-différences de ce genre.
Il y aussi, deux jour par semaine, un petit buffet à volonté de pains, pâtisseries et gâteaux l'après-midi, qui est très amusant à servir car c'est passionnant de voir les clients se ruer calmement (oui oui, c'est possible, c'est japonais xD) sur tout nouveau pain que l'on apporterait à la table centrale des fois que ce serait absolument indispensable d'y goûter. C'est un moment de détente pour les serveuses aussi car on peut souffler un peu et discuter un chouïa pendant que les clients se servent eux-même.

Bon il faut quand même dire que je n'ai jamais été serveuse en France non plus alors il m'a fallu un petit temps d'adaptation. Tout fonctionne pas mal depuis tant qu'il y a un nombre raisonnable de clients avec des commandes simples. Tout se complique, en gros, le week-end, avec des gens qui décident de tous se ruer prendre le petit-déjeuner au café plutôt que de rester à paresser à la maison (ce qui m'étonnera toujours en tant que Française, je détesterais venir *avant* l'ouverture du café (8h) pour prendre mon petit-déj' un *dimanche*). Le problème est simple : si du côté boulangerie il y a suffisamment de gens pour gérer la confection et en grande partie la vente, c'est le café qui en pâtit car il y a un nombre important de choses à faire pour ça. Ceux qui gèrent le café doivent préparer les sandwiches qui se vendent en bas, assez régulièrement dans la journée pour maintenir un certain stock, gérer les commandes de sandwiches éventuelles par téléphone, confectionner les commandes de clients pour des occasions spéciales, préparer et servir les commandes des clients du café, faire la vaisselle sous peine de manquer de couverts, débarrasser les tables, faire la caisse, et courir faire la vente en bas si le patron le demande par l'interphone.
En général, on ne maintient que deux personnes pour faire tout ça, même le week-end. Pire, en semaine, ma collègue se retrouve souvent toute seule.
Je pense que trois personnes seraient pas de trop pour le coup...

Jusqu'à il y a encore quelques semaines, je restais presque exclusivement à travailler au café. En bas, un jeune employé à plein temps et une de mes collègues géraient la vente.
Mais voilà, le drame, c'est que ce pauvre garçon, bien mal aimé par les autres et rabroué chaque jour pour ses erreurs et oublis (que je n'ai que très peu constatés, il m'a toujours paru faire de son mieux), s'est fait incendié un soir par le patron, pour je ne sais quelle raison, et il a fini par en pleurer. Le lendemain, il n'était pas là au boulot et la journée fut dure. Quatre jours plus tard, il démissionnait et venait chercher ses affaires. Je ne l'ai jamais revu depuis. Mais son acte a une conséquence directe sur moi : je suis condamnée à la vente toute la journée depuis son départ, et mes collègues gèrent le café tant bien que mal. Adieu buffet, adieu vaisselle, je suis recluse au rez-de-chaussée et ma hantise est qu'on me demande de couper du pain à la machine car je laisse généralement mes collègues le faire. J'ai essayé pour la première fois aujourd'hui car ma collègue le voulait, mais j'étais tellement stressée que mes tranches étaient horribles. J'ai vraiment la phobie de couper le pain x_x
Et même si on a mis une petite annonce pour un nouvel employé, pour l'instant il semble que je ne serai pas officiellement remplacée, ce qui m'embête pour mes collègues car je sais qu'il faut plus de monde pour tout gérer...
Hélas je ne peux pas rester plus longtemps, alors j'espère qu'ils trouveront vite quelqu'un. Mon travail se termine vendredi prochain, déjà, et je n'ai pas vu le temps passer. J'ai passé le mois de juin à bosser, presque, et viens de recevoir un salaire dépassant mes espérances (j'ai travaillé 104h du 15 mai au 15 juin tout de même !) donc je sais que je n'ai pas fait ça pour rien. Il me reste maintenant à me dépêcher de profiter de tout ce que je n'ai pas encore vu, avant la fin du mois prochain, qui arrive hélas à grand pas...

dimanche 19 juin 2011

Retour à l'école.

Depuis trois semaines, je retourne à l'école primaire où j'avais aidé de jeunes élèves à se préparer pour le DELF Prim' qu'elles devaient passer le 23 mars dernier.
Avec les événementsdu 11 mars, je suis partie précipitemment du Japon et l'examen a été annulé. Je pensais en finir sur cette triste note.

Pourtant il m'a été possible de revenir à l'école à la fin du mois de mai, mais cela m'a valu une découverte beaucoup moins glorieuse de ce que peut être la société japonaise.
C'est grâce à une amie que je suis allée à cette école pour la première fois. Elle y a fait toute sa scolarité et voulait me montrer des cours de français. C'était il y a trois ans et demi déjà.
Ensuite, c'est encore grâce à elle plus ou moins que j'ai pu faire les cours du DELF au début de l'année, car c'est elle qui a parlé de moi à la prof concernée bien avant, même si c'est la prof elle-même qui m'a dit avoir besoin de moi. Cette fois-ci, n'ayant que peu d'espoir de pouvoir retrouver une chance pareille, j'ai appelé la prof au début du mois de mai pendant que je cherchais désespérément un logement sur Tokyo, avec le maigre espoir qu'elle puisse m'aider. A aucun moment je n'imaginais qu'elle me proposerait d'emblée de revenir à l'école de telle date à telle date, ce qu'elle a pourtant fait. Il fallait cependant que j'envoie un e-mail poli en japonais pour la sous-directrice et le directeur de l'établissement, histoire de faire les choses dans les normes. Pour diverses raisons, j'ai mis du temps à envoyer ce mail. Mais j'ai reçu une "autorisation" de venir, donc le premier jour je m'apprêtais gentiment à partir pour l'école, quand j'ai reçu un mail de l'amie qui m'avait emmenée là-bas pour la première fois.
Et là, j'ai déchanté.
Elle me demandait entre autres pourquoi je ne lui avais pas dit que j'avais repris contact avec l'école dans le but d'y aller assister aux cours. La raison est simple : même si on avait déjà eu l'occasion de se voir auparavant, j'ai tout bonnement oublié de lui en parler car nous avions d'autres choses à nous dire...et puis j'avais de toute façon l'intention de lui dire quand tout serait officiel et que je serais déjà allée à l'école, etc.
Malheur m'en prit, apparemment. Elle m'a dit que ce n'était "pas que mon problème ça, hein" et que si j'entrais à l'école elle devait remercier ses profs, donc le directeur. Et que j'aurais dû envoyer le mail plus tôt que je ne l'avais fait. Que la prof, qu'elle avait rencontrée par hasard, avait dit qu'elle "abandonnait car j'étais née à la campagne à Angers". Et que parfois, il valait mieux pour moi réagir à la japonaise.
Wow. Comment perdre tout intérêt à aller à l'école et ruminer une frustration grandissante en soi toute la journée.
Second mail plus tard, disant que même si je pensais aider cette prof, mon amie était certaine qu'elle avait dû faire beaucoup d'efforts pour que je vienne. Et que même si je n'avais pas pensé qu'il fallait que cette amie remercie le directeur, j'aurais dû deviner qu'il fallait qu'elle remercie sa prof de m'accueillir. Et vu le nombre d'amis que j'ai au Japon, vu mon niveau de japonais, et vu ma compréhension du Japon dans sa globalité, je dois parfois réagir "à la japonaise". Sinon, je deviens une "gaijin malpolie".
Je suis soufflée, j'avoue. Ainsi donc, j'aurais dû déceler les ficelles de la société japonaise jusqu'à ce point-là, jusqu'à comprendre qu'elle avait encore des comptes à rendre à son école primaire à 24 ans. J'aurais dû comprendre que son rôle dans mes relations avec l'école ne s'arrêtait jamais. Il faut croire que si j'ai été acceptée, ce n'est pas parce que je suis "Emilie, étudiante en FLE qui désire de l'expérience" mais parce que je suis "Emilie, l'amie de cette fille qui a fait sa scolarité ici donc ça va". Je rentre donc complètement par piston et pas pour mes capacités alors ? Cool.
Je suis déçue qu'elle en attende autant de moi. Voilà le revers de la médaille quand on connaît "trop de choses" et qu'on est plus l'étranger de base qui ne maîtrise pas la langue ni la culture : là, je suis dans l'entre-deux, je ne suis pas complètement étrangère, mais je suis loin d'être japonaise dans l'âme. Mais à ce stade-là, déjà, on ne pardonne plus. L'étranger trop intégré n'est pas pardonné pour ses "erreurs" contrairement à celui qui ne l'est pas.
Je n'ai jamais su quoi répondre à cette amie par la suite, et nous ne nous contactons hélas plus maintenant. Je n'ai jamais vécu ce genre de froid avec quelqu'un de proche, je ne sais donc absolument pas comment faire pour que tout "fonctionne" à nouveau comme avant. On va laisser couler de l'eau sous les ponts et on verra bien...

J'ai décidé de passer outre ce petit "incident" et de profiter de cette expérience, bien qu'on peut dire que c'est relativement fatigant. Déjà, je suis "bénévole", donc je ne reçois aucune compensation, pas même pour le transport qui me coûte 800 yen aller-retour. La prof ayant décidé assez arbitrairement des moments où elle a besoin de moi, je suis à l'école le mardi et le mercredi de 9h30 à 17h30. J'assiste et participe à trois cours de 5ème année et trois cours de 6ème année de primaire, et en fin d'après-midi j'aide mes anciennes élèves de février/mars devenues collégiennes, qui se préparent de nouveau au DELF Prim qui a lieu samedi. Autant dire que ça demande beaucoup d'énergie, et que cela me prive de deux jours de congé dans la semaine, ce qui ne m'en laisse plus qu'un...
Mais les fillettes sont adorables. Je ne suis là que depuis trois semaines mais elles me connaissent bien maintenant, on discute ensemble et j'ai déjà reçu un petit dessin de moi et une petite boîte de thé en cadeau par deux élèves. Quelle heureuse surprise !
Elles ont une forte tendance à oublier le vocabulaire appris d'une semaine sur l'autre, mais certaines sont très étonnantes dans leur capacité à s'amuser tout en apprenant le français. L'apprentissage de cette langue est un jeu de manière générale, d'ailleurs, mais justement, le revers de la médaille semble être que les filles ne le prennent pas assez sérieusement. D'où leurs exclamations et gémissements si on leur demande de dire en tout et pour tout "Je m'appelle...." "J'habite à...." ! J'ai même eu droit à un "J'habite à Pokémon" une fois, quand l'élève voulait dire "J'aime les Pokémon"...
En 4ème année, elles font preuve d'une spontanéité incroyable et osent plus, même si elles se trompent, elles sont timides au tout début mais ensuite hop, c'est parti. Mais soudain en 5ème année, paf, l'intérêt redescend, elles n'osent plus, ont peur de dire des bêtises et hésitent des heures à prendre la parole. Quant aux 6ème année, même après 6 ans de radotage en français elles sont persuadées de ne rien savoir dire et passent leur temps à répondre "Eh, je sais pas..." en japonais à la moindre question. C'est un portrait grossi bien sûr, car il y a toujours des exceptions. Mais c'est quand même vrai que de la 4ème à la 5ème année, il se produit un phénomène étrange de repli sur soi...

Pour les cours, la prof utilise un Smartboard, un tableau numérique, et c'est fascinant pour moi de voir les possibilités que ça recèle, surtout avec les enfants, on peut créer plein d'activités ludiques et amusantes. J'aimerais pouvoir exploiter ça encore plus, mais le logiciel étant en japonais, je suis freinée et dois me contenter d'observer la prof manier l'engin.

Bon il faut bien le dire, malgré ses contraintes c'est une expérience très enrichissante, et y'a pas à dire, j'adore enseigner aux enfants *w*

dimanche 12 juin 2011

Le jour de l'Apéritif.

Je ne pensais pas que j'aurais encore l'honneur de prendre part à un événement tokyoïte, du style de la soirée gastronomique à l'Ambassade de France, auquel participerait encore ma boulangerie.

Mais depuis mon retour au boulot étaient placardées des affiches faisant la promotion du "Jour de l'Apéritif à la française" qui a lieu, donc, chaque premier jeudi de juin tous les ans. Même si je n'y croyais pas trop, je me disais quand même, au fond, que c'était le genre de truc auquel mon patron avait de grandes chances de me demander de participer.
Ne voyant rien venir jusqu'à la toute fin mai, je m'étais résolue à croire que mon intuition était fausse, quand le week-end précédent les festivités, l'une de mes sempai m'apprend que le patron souhaite ma présence le 2 juin à Roppongi Hills pour aider à tenir le stand de la boulangerie ce fameux jour d'apéritif français. Aaaah bah tiens ! ^^

Et me voilà donc un jeudi matin, un peu stressée, faisant le trajet en train jusqu'au boulot sous la pluie (oui, il a plu toute la journée ce jour-là, forcément) pour choper un uniforme décent et repartir illico en sens inverse pour Roppongi. Ayant eu peur de me paumer, j'avais une demi-heure d'avance, mais en fait Il suffit de 5 mn de marche de la sortie de métro à la Roppongi Arena, bien visible à côté de la Mori Tower, et celle-là on ne peut pas la rater. Je me suis promis de retourner à Roppongi Hills un jour de beau temps car c'est disproportionné comme quartier, j'adore pour le peu que j'ai vu sous mon parapluie !
J'arrive donc sur les lieux. Un petit village de stands de divers cuisiniers ou grands hôtels sont réunis sous une structure arquée qui protège l'ensemble de la pluie. Je trouve le mien à l'entrée du "village". Le stand se monte, mon patron en chemise "cool" me serre la main et me donne mes premières instructions. Ca s'active, Madame est là aussi mais soupire car elle ne sait pas exactement quel pain est à disposer maintenant ou plus tard, et son mari disparaît par à-coup et il est impossible de lui soutirer des infos claires. Le coin "beurre Echiré" dont ma boulangerie est partenaire se monte, avec un frigo rempli de livres de beurre bien de chez nous dont une équipe de vendeurs que je ne connais pas va faire la promotion. Dans un autre coin, heureuse surprise, Luc, le cuisinier expert en olives qu'on avait aidé à la soirée à l'ambassade, est à nouveau là, avec un jeune assistant français, pour proposer dégustation et vente de ses produits. J'étais bien heureuse de le revoir, je pensais ne plus en avoir l'occasion !
Enfin, le coin charcuterie est disposé avec des dégustations de saucisson sec à m'en faire baver. Momoko passe alors avec son mari et le petit Jun, qui a bien grandi, mais qui est littéralement exténué. Il pousse des grognements rythmés comme un petit moteur pour le montrer, mais sans s'énerver ou rien. L'heure du dodo approche !
Très vite la petite famille disparaît de mon champs de vision, car une heure et demi est déjà passée et l'événement va commencer. Et on est prêt, les produits sont installés, c'est quand vous voulez !
La musique qui était jusque là en sourdine se réveille avec un air entraînant d'accordéon, comme pour souhaiter la bienvenue au premier groupe qui pénètre sur les lieux. Une majorité écrasante de femmes d'âge moyen, bien habillées, et avides de découverte de nouveaux amuse-bouches ou cocktails, tant et si bien qu'elles se précipitent d'emblée vers les stands qui leur proposeront quelque chose à boire ou à manger en échange d'un coupon qu'on leur a remis à l'entrée.
Nous, on est l'un des seuls stands de vente à proprement parler. A part quelques petites dégustations de pain beurré, de saucisson et de rillettes, on offre rien, on vend ! =D
Les invités, qui auront fort à faire dans un délai d'une heure et demi, ne vont probablement s'intéresser à nos pains qu'à partir du moment où il faudra songer à partir. Et c'est effectivement le scénario qui s'est produit. Après avoir bien siroté leurs cocktails, dégusté sur le pouce leurs créations gastronomiques et assisté à divers événements sur la scène, les gens, pris d'une illumination soudaine, se sont petit à petit agglutiné devant le stand de la boulangerie et ont commencé à vraiment nous faire sentir qu'on avait plutôt intérêt à s'activer. Alors, à trois/quatre personnes pour une seule calculatrice (ben oui hein, pas de caisse xD), une seule pile de sacs plastiques et une seule autre de papier pour envelopper les pains, c'était un peu le bazar surtout vu la petitesse du stand quand même. Mais c'était très drôle. Et les clients étaient compréhensifs, heureusement. Pendant la dernière demi-heure, ça a donc été un rush infini. Et tout à coup les derniers clients ont disparu, pressés par les appels des organisateurs. Puis, après à peine dix minutes pour souffler et renouveler un peu le stock de pains, rebelotte. Eh oui, 5 groupes programmés de 11h30 à 20h40, ça laisse peu de temps pour se remettre de ses émotions. Le reste de la journée s'est donc déroulé de la même façon à chaque fois pour les quatre groupes restants.
En début d'après-midi, quand ma collègue Aizu-san est arrivée, j'ai eu le droit de grignoter rapidement du pain et de la charcuterie ; mini-pause bénéfique. Mais heureusement, un peu après 16h, on a eu un break de 45 minutes où on a vraiment pu se reposer et manger quelque chose. Le patron nous a offert de l'argent de poche pour aller nous acheter quelque chose à un petit "café-crêpes" juste à côté. J'ai donc passé ma pause avec Aizu-san et on est allées audit café. Voulant absolument manger sucré depuis plusieurs heures, je me suis ruée sur un jus d'orange bien frais (50% de glaçons, ah ces Japonais alors...!) et sur une crêpe à la crème pâtissière et aux fruits rouges. Délice ♥
Durant le passage du dernier groupe, l'ambiance étant plus relâchée, mon patron nous laisse Aizu-san et moi assister à la démonstration de deux sommeliers qui exécutent divers mouvements artistiques tout en préparant des cocktails, sur de la musique. Ils étaient déjà passés deux fois pendant qu'on travaillait, mais on avait pas vu grand-chose avec tout le public devant. Là, on a pu aller aux premières loges, et c'était effectivement impressionnant !
Aizu-san était devenue toute fofolle dans l'intervalle, en criant des "sugoi sugoiii" avec des yeux brillants d'admiration. A la fin, elle s'est exclamé "Ah je suis tombée amoureuse" haha.
Et puis ça a été la vraie fin, avec de grands sourires affichés pour tout le monde. Tout s'est bien vendu, tout le monde satisfait remercie chacun de sa participation, et on commence à remballer les affaires. A 21h, le patron me dit que c'est bon, je peux rentrer. Je remercie tout le monde, prends quelques photos souvenirs et voilà, c'est fini.
Ou presque.
Alors que je me dirige vers la station de métro pour rentrer, en me demandant ce que je vais bien pouvoir me faire comme dîner, je croise Luc et son assistant qui, bien qu'ils soient partis avant moi, cherchaient un endroit où se restaurer dans le centre commercial. Ayant réussi à me convaincre de festoyer avec eux, je me suis retrouvée dans un bar à tapas espagnol à la japonaise. On a commandé plusieurs plats qui sentaient bon la Méditerranée, notamment de divines tortillas et des cuisses de poulet aux herbes. On a discuté de tout et de rien, ça faisait plaisir, entre Français. Et à la fin, Luc, ce chevalier au grand coeur, a tout payé pour nous, en disant que ça lui faisait plaisir. Le coup classique auquel tu ne peux rien répondre, évidemment, à part merci du fond du coeur !

Et voilà, ce jour assez mémorable s'est ainsi achevé, et je suis rentrée à la maison préparer mon déménagement du lendemain. Je suis vraiment heureuse de pouvoir participer à ce genre d'événement, c'est vraiment une expérience incroyable. Je ne réalise toujours pas que moi, petite Française lambda, ait pu intégrer une infime partie de ce monde des grands chefs ici au Japon.

Un autre souvenir à conserver précieusement.

dimanche 5 juin 2011

Déménagement.

Et voilà, ma petite vie à Yutenji est déjà finie. J'aurai passé seulement 3 minuscules semaines de ma vie dans ce petit quartier tout calme et paisible perdu parmi tant d'autres au sud du district de Meguro, mais ça a été très agréable. J'étais presque tristoune de quitter ma chère petite chambre et mon cher petit appartement pour atterrir dans une maison où vivent déjà une dizaine d'autres personnes, à moins d'une dizaine de minutes en train plus au sud.

Mais il faut bien dire que je n'aurais pas pu tenir le coup financièrement, aussi pratique cela soit-il d'avoir sa propre chambre dans une colocation. Là, je suis en dortoir de 6 personnes, dans une chambre pas très grande dans laquelle les trois lits superposés prennent pour ainsi dire toute la place. Contrairement à beaucoup de guesthouses, nous ne sommes ici que trois étrangères. Les autres sont tout bonnement des employés japonais "normaux" préférant vivre à moindre frais dans une guesthouse plutôt que dans un appartement hors de prix. Une sorte de choix de vie pour eux. Certaines femmes ici ont quand plus plus de 30 ans ! Et il y en a donc qui se sont installées en dortoir, vu le prix avantageux, mais elles apportent avec elles tout un tas d'affaires puisqu'elles comptent souvent rester plusieurs années dans la maison...
Cela se traduit donc par un manque de place dans cette pièce. C'est fou ce qu'une fille (surtout japonaise) peut prendre de la place avec toutes ses affaires...j'ai dû fourrer les miennes sous mon lit et dedans, faute d'autre endroit où les stocker pour le moment. Je réalise encore une fois que je n'ai vraiment pas grand chose sur moi.

La vie en communauté se passe plutôt bien, je fais connaissance avec plein de gens et on discute bien.
Le must du must, c'est quand même que j'habite à 5 mn chrono de mon boulot, et c'est tout bonnement génial de se lever seulement une demi-heure avant le début du travail.

Pour l'instant, tout se passe bien donc.

Prochain article sur le "Jour de l'Apéritif" auquel j'ai participé ce jeudi en tenant un stand pour ma boulangerie ^^ !