dimanche 30 octobre 2011

Juillet 2011 : Kurashiki et Okayama


Le trajet en bus se passe sans encombre. Je passe mon temps à somnoler, et en deux temps trois mouvements nous voilà descendus à la gare d'Okayama, chef-lieu de la préfecture du même nom. Ladite préfecture est célèbre entre autres pour ses beaux paysages de campagne verdoyante, ses pêches et ses raisins dont c'est la pleine saison. Malheureusement, notre passage dans la préfecture est de courte durée, nous verrons peu de choses. Avant même de visiter la ville d'Okayama en elle-même, et de retrouver le frère de mon copain qui étudie et habite ici, nous avons décidé de faire un tour par une petite ville plutôt connue des touristes japonais, Kurashiki. Nous déposons donc nos sacs de voyage dans des casiers à la gare, et prenons un petit train local jusqu'à Kurashiki.
Comme j'ai eu l'occasion de le voir dans beaucoup de villes réputées pour leurs monuments historiques, du genre Nara ou Himeji, il ne faut pas se fier aux apparences. On arrive toujours dans une ville "japonaise classique", c'est-à-dire comme partout, du béton, des immeubles plus ou moins grands, et au moins quelques câbles électriques bien visibles. En bonus, quelques conbinis en détournant un peu le regard vers un coin de rue. Et c'est là qu'il faut marcher, muni d'un plan ou non, mais dans tous les cas s'éloigner de cet accueil ordinaire, pour partir à la recherche d'un autre Japon. Et c'est exactement ça qu'il faut faire à Kurashiki.
S'éloigner de la gare permet de déboucher soudain sur une petite rue bordée de maisons traditionnelles, qui promet de bien plus beaux paysages urbains par la suite.


Pour la petite histoire, Kurashiki était il y a bien longtemps une petite cité marchande prospère, et en son centre furent bâtis des dizaines d'entrepôts au style architectural très reconnaissable (murs blancs couverts par endroits de tuiles noires), où l'on stockait notamment du riz ainsi que diverses marchandises qui transitaient par un système de canaux traversant la ville. Aujourd'hui, ce qu'il reste de ce quartier occupe une portion minuscule de la ville, et se nomme "quartier historique de Bikan". C'est ce que viennent voir les touristes, mais au vu du nombre restreint de touristes étrangers, il semblerait que Kurashiki ne soit pas très connu à l'international...
Avant même de pouvoir approcher le fameux quartier, nous sommes abordés par un jeune homme brandissant une pancarte, qui nous propose d'aller jeter un oeil à un petit "marché" organisé sur un petit terrain entre deux maisons, tout près. Curieux, nous allons y faire un tour. Il s'y vend des fruits et légumes, du miel, des spécialités locales, sur des petits stands comme à un matsuri ! Un énorme cube de glace est posé devant un ventilateur pour rafraîchir les gens qui feraient une pause sous un parasol au fond du terrain. Je m'achète une irrésistible pêche à 100 yen (elles en font 400 de plus dans les supermarchés, une aubaine !) et la déguste tandis que mon copain se régale de takoyaki tout chauds.
Nous reprenons notre route tranquillement et atteignons le fameux quartier Bikan. L'atmosphère s'y fait tout à coup plus douce. Nous longeons de luxueuses demeures d'époque traditionnelles, dans lesquelles vivaient les familles de marchands prospères. De l'autre côté de la rue, les entrepôts alignent leurs façades immaculées ornées de tuiles, et l'on se retrouve plongé dans une autre époque.
  
 
  


Bientôt se profile le canal, bordé de saules pleureurs, autour duquel se pressent les touristes. Les carpes qui peuplent ses eaux se prélassent paresseusement près de la surface. Malgré les touristes un peu trop nombreux à mon goût, le temps semble s'être arrêté sur Bikan. Aucun passage de voiture, juste le calme. Nous faisons des pauses régulièrement dans notre promenade, car malgré le vent qui circule facilement dans ces rues étroites, la chaleur est toujours aussi présente.










Nous nous éloignons du centre historique pour arriver sur une grande route, de l'autre côté de laquelle on aperçoit une colline de verdure. Après un peu de grimpette, il s'agit en fait d'un vieux cimetière posé sur une hauteur, duquel on a une assez jolie vue d'une partie de la ville. Mais le petit escalier qui sillonne la colline  ne mène à rien de plus intéressant, et la chaleur a trop vite raison de nous : nous redescendons. Nous passons près de Kurashiki Ivy Square, une ancienne et imposante manufacture en brique rouge qui abritait autrefois les ateliers de filage de la ville. Il s'agit aujourd'hui d'un lieu de loisirs, avec notamment un hôtel assez chic et des restaurants. Nous retournons dans le périmètre plus "traditionnel" de la ville, peuplé uniquement de maisons basses.





Alors que nous remontons une ruelle, nos yeux s'arrêtent sur une devanture plus qu'originale : un magasin de décoration intérieure 100% turc ! Et, apparemment, il y a même un salon de thé, et ils servent....des kebabs ! Le chéri, déjà emballé à l'idée de manger un kebab, me propose de nous restaurer là. Et nous voilà accueillis par un jeune homme turc au ton joyeux, accompagné d'une femme japonaise très bronzée et au style très "cool", qui nous posent des questions, rient pour un rien et nous invitent à nous assoir à une petite table. De l'autre côté se tient la boutique, pleine d'objets décoratifs colorés. On nous sert un kebab délicatement présenté dans un pain rond coupé en deux. A la différence de chez nous, pas de frites, et pas de sauce lourde pour accompagner la garniture, mais une sorte de sauce salade légère qui rend ce kebab turco-japonais un brin diététique. Et délicieux. On nous fera la fleur de nous offrir de la glace turque, qui s'allonge sans fin tel un élastique.



Après avoir échangé quelques mots avec le vendeur, nous retrouvons le Japon dans les rues de Kurashiki, Japon un rien oublié dans l'antre turque de laquelle nous sortons. Nous nous promenons jusqu'au pied d'une colline indiquée sur le plan comme un lieu intéressant, où trône un sanctuaire shinto. Nous voilà de nouveau à grimper, et malgré l'ombre des arbres, c'est dur. Enfin au sommet, un petit coup d'oeil au sanctuaire s'impose ; on profite aussi du vent et de la belle vue sur Kurashiki.






Une fois redescendus, nous retournons flâner dans le quartier Bikan. Et puis, comme l'heure tourne tout de même, nous devons songer à retourner à Okayama. En passant par une ancienne arcade commerciale (j'en aurai vu des arcades, durant ce voyage !) nous retournons à la gare de Kurashiki. Après un petit tour par la galerie marchande de la gare où sont proposés à la vente des pêches et des raisins aux prix faramineux, nous reprenons notre train pour Okayama.






Masashi, le frère de mon copain, nous attend sur la place devant la gare. Cela faisait longtemps qu'on s'était vu, et je suis contente de passer un petit moment avec lui ; je l'aime bien, le petit frère ^^ ! 
Okayama est avant tout une ville imposante et très moderne. Des immeubles partout, de grands boulevards, elle ressemble à n'importe quelle grosse ville japonaise à première vue. On y trouve cependant un petit écrin préservé, même si fortement aménagé. Cet endroit s'appelle la "culture zone" (en anglais s'il vous plaît), et se trouve à une vingtaine de minutes de marche depuis la gare. Nous descendons donc la grande avenue qui part de la place de la gare, puis passons par de plus petites rues latérales. L'impression d'une ville japonaise tout à fait ordinaire s'accroît ; cependant je ne perds pas espoir de trouver de l'intérêt à ce qui va suivre. Nous traversons une arcade commerciale (oui, encore et toujours !) très lumineuse, dans laquelle nous tombons par hasard sur un petit "festival de Paris" dont la programmation est visiblement entièrement....japonaise.






Peu de temps après, nous atteignons enfin la fameuse "culture zone", et si l'on ne se retourne pas, on peut imaginer que les immeubles n'existent plus. Le spectacle en face de nous est plutôt joli ; une rivière bleu profond serpente entre deux coins de verdure, aménagés en promenade. Un pont relie les deux rives, plus loin. Je devine qu'à gauche se cache le Kôrakuen, un célèbre jardin japonais, et sur la rive droite se dresse au-dessus des arbres le château d'Okayama. Voilà ce que nous sommes venus voir.

Nous commençons à longer le bord de la rivière, mais la chaleur est particulièrement accablante et mon copain la supporte très mal. Nous devons faire des pauses régulièrement et recherchons au maximum les chemins à l'ombre. Nous arrivons ainsi jusqu'au château d'Okayama, ou plutôt ce qu'il en reste. Comme beaucoup de châteaux médiévaux, il n'en subsiste plus grand chose si ce n'est le donjon, reconstruit en béton. D'aspect un peu trop surfait, il ne fait pas vraiment authentique mais avec ses murs noirs et les dorures qui ornent les extrémités de son toit, il n'est tout de même pas désagréable à regarder. Nous décidons de ne pas entrer visiter le donjon-musée, et nous contentons de faire une nouvelle pause sur un banc à l'ombre.






Puis nous repartons vers l'autre rive, et traversons le pont sur la rivière. La lumière du soleil commence à baisser très doucement, nous approchons de la fin de l'après-midi. Malgré cela, l'humidité est intolérable, et l'ombre des arbres se fait de nouveau nécessaire. Après avoir contourné l'enceinte de verdure qui délimite le Kôrakuen, nous en atteignons l'entrée. Ce jardin fait partie des trois plus beaux jardins japonais du pays. Après avoir passé un recoin ombragé, on débouche sur une vaste étendue d'herbe, traversée de plusieurs petites allées, et ornée d'un petit étang en son centre. A cette période de l'année, il n'y a malheureusement aucune plante ou aucun arbre en floraison, ce qui aurait agrémenté un peu ce vaste jardin. La promenade parmi les pins, les buissons taillés avec soin et les rochers posées ça et là dans l'eau comme sur l'herbe le rendent cependant très agréable. Une petite colline surplombe le tout, et le château d'Okayama, au loin, s'encastre admirablement dans le paysage.





Plus loin, des visiteurs se prélassent près d'un petit ruisseau. Curieux, nous nous approchons, et découvrons qu'ils trempent leurs pieds dans l'eau fraîche, dans un lieu ombragé prévu à cet effet. Ni une, ni deux, nous faisons de même. L'eau qui ruisselle entre nos pieds fatigués nous redonne un peu d'énergie.
Arrivés de l'autre côté du parc, nous voilà face à des volières où des grues japonaises nous fixent avec méfiance. Elles se déplacent avec une vivacité incroyable, je n'ai réussi aucun cliché décent. Alors que nous nous éloignons, nous les entendons tout à coup pousser des cris d'une force impressionnante, comme si quelqu'un les avait attaquées. Nous revenons sur nos pas pour voir, mais les oiseaux sont de nouveau d'un calme impérial et nous n'en saurons pas plus. J'aurai au moins eu la chance d'entendre à quoi ressemble le cri d'une grue japonaise...!





Le jour décline sérieusement à la fin de notre promenade, et lorsque nous sortons du parc, n'ayant plus rien  de prévu sur Okayama, il nous faut déjà songer à rentrer. Mon copain et moi achevons en effet ce voyage ici et devons prendre le train pour rentrer dans sa campagne du Kansai. Nous prenons alors tous les trois le tramway sur la large avenue qui remonte jusqu'à la gare, et allons chercher nos affaires laissées dans des casiers. Après avoir acheté notre billet de train, nous devons déjà dire au revoir à Masashi. Ce fut court, mais très appréciable en sa compagnie. Nous passons l'accès aux trains et ne tardons pas à voir venir sur le quai le train express qui nous ramènera directement jusqu'à la banlieue de Kobe.
Tard dans la soirée, nous voilà rentrés à bon port, et mon grand voyage dans le sud du pays s'achève ainsi, après une semaine de visites qui m'ont tout simplement donné envie de revenir explorer ces régions dont j'ai vu si peu finalement.

La saga de juillet continue encore quelques temps, car j'ai vu encore quelques belles choses en me baladant dans les grandes villes du Kansai, et je voudrais aussi raconter un peu à quoi ressemble une ascension du Mont Fuji. A très bientôt donc !

Prochain épisode : Osaka et Ashiya.



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