jeudi 3 novembre 2011

Juillet 2011 : Osaka et Ashiya


Mon séjour dans le Kansai en juillet dernier a été relativement court. J'ai profité des premiers jours en me reposant et en me promenant tranquillement dans le village avec mon copain, et nous avons même fait quelques feux d'artifices (on avait acheté un paquet tellement énorme à Miyajima qu'il en restait plein) dans la cour de la maison.



J'avais aussi envie de profiter à fond du Kansai, et pour moi qui dit "profiter à fond" dit "bouger un maximum", ce qui n'était pas très facile cependant. La maison de mon chéri est en effet vraiment très excentrée, au beau milieu des rizières de la préfecture de Hyogo, et même si l'on peut rejoindre une gare relativement facilement, le train reste sacrément cher (et un peu longuet aussi) pour aller faire un tour dans les grandes villes (en même temps, la JR a le monopole sur ce secteur, rien à voir avec la toile d'araignée composée de plein de lignes privées moins chères qui constitue le réseau ferroviaire de Tokyo).

 A vrai dire, cette petite semaine est passé si vite que j'ai vu le dernier week-end approcher à grand pas sans que j'aie rien fait de transcendant. Mon copain devait passer un examen du TOEIC le dimanche, et nous devions prendre le bus de nuit pour Tokyo directement après, le soir. Il m'avait déjà dit qu'il passerait donc le samedi à réviser.
Il m'arrive souvent de devoir choisir entre profiter de quelque chose en étant toute seule, et abandonner l'idée pour rester avec ma famille ou mes amis. J'avoue que je n'aime pas beaucoup me balader toute seule sans personne avec qui papoter et partager mes impressions, a fortiori dans un pays étranger où il y a toujours quelque chose à voir. Mais ça ne m'a pas empêcher de visiter Kyoto toute seule pendant deux jours, à 18 ans, lors de mon premier voyage au Japon. Ni de me faire un petit périple à l'ouest de la Chine sans personne pour m'accompagner.
Alors aller faire un tour dans le quartier de Dotonbori, à Osaka, je pouvais. Je savais aussi qu'il y avait un feu d'artifice dans une ville pas trop loin le soir-même, et il était hors de question de quitter le Japon en été sans avoir vu un seul feu d'artifice, j'étais donc décidée à y aller même en solitaire.

Le fameux samedi, me voilà donc dans le train express pour Osaka, l'appareil photo en bandoulière. J'arrive dans la nébuleuse d'Umeda, dont la gare rénovée arbore un "Osaka Station City" fraîchement inauguré quelques semaines plus tôt. Un immense centre commercial au sein même de la gare, en gros. Ca fourmille de partout en ce bel après-midi. Je réussis par miracle à trouver la bonne ligne de métro et m'éloigne vers Shinsaibashi.

 
Dans la rame, un papa rieur n'arrête pas de causer en kansai-ben à sa petite fille d'à peine un an, qui saisit son ticket de métro et finit par le faire tomber. Je me baisse pour le ramasser et lui rend. Le papa tente de me remercier en anglais, après quoi la petite me fixe et me tend le ticket, que je lui rends. Elle tient à s'accrocher à l'un des anneaux auxquels on se tient quand on est debout dans le métro, en même temps qu'elle serre dans sa petite main le ticket de métro. Entreprise périlleuse. Et voilà que le papa annonce maintes fois au bébé que c'est la station où ils doivent descendre. Il me dit au revoir en anglais et agite la main de sa petite avant de l'emporter sur le quai, où il continuera à l'abreuver de paroles d'une voix enjouée. Je souris.
Je descends à Shinsaibashi, et sort d'une bouche de métro située sur une grande artère. Juste en face, de l'autre côté de la rue, je repère une galerie marchande où le nom Shinsaibashi est inscrit. Je me souviens vaguement avoir vu jusqu'où elle va sur un plan avant de partir. Je m'aventure, retrouve des magasins connus, me perds dans la foule du samedi après-midi.






Tokyo n'a pas ce côté populaire que je trouve à Osaka. C'est vraiment une ambiance différente.
La galerie débouche directement sur le quartier de Dotonbori, avec son canal, l'immeuble avec la pub de Glico et son bonhomme qui court, et le fameux crabe géant, inratable, qui fait la devanture de l'un des restaurants (de crabe, of course) du quartier.



Je flâne sur la large allée principale de Dotonbori. L'endroit est réputé pour abriter les meilleurs restaurants de la ville, mais je passe mon tour cette fois-ci : je suis seule, on est en plein milieu de l'après-midi et je n'ai pas faim du tout. Je fais un tour par un magasin de souvenirs (surtout sous forme de nourriture, évidemment, nous sommes au Japon *et* à Osaka, temple de la bonne bouffe) et grappille quelques spécialités pour mes collègues de la boulangerie et pour mon ancienne famille d'accueil.
Je m'achète une glace pour combattre la chaleur, retraverse plus loin le canal, et remonte la berge de laquelle je vois passer des bateaux touristiques. Je fais une pause sur un petit banc pour manger ma glace tout à mon aise et admirer l'ambiance dans ce petit coin d'Osaka que j'adore déjà. 




Je quitte les rues principales pour remonter les ruelles, où je constate avec un sourire que je suis tombée par hasard dans le quartier des Host Clubs et quelques unes de leurs versions féminines un peu plus douteuses...
Je trouve dans une petite rue un vénérable restaurant français qui semble sonner bien de chez moi, et me promet de venir y faire un tour à l'avenir. 
J'atteins un gros boulevard, et la lueur du soleil qui décline me pousse à faire quelques clichés au hasard. Je ne verrai d'ailleurs que plus tard la pose de ces deux lycéennes, qui m'avaient repérée alors que je ne leur prêtais pas attention...




Je rejoins la station de Shinsaibashi pour faire le trajet inverse. A Umeda, de nouveau, je monte dans mon train express, qui traverse le pont sur la large rivière Yodo. C'est le moment que je préfère dans ce trajet. C'est la fin de l'après-midi, l'eau scintille et je jette un dernier regard aux grands immeubles d'Umeda qui s'éloignent derrière moi. C'est la dernière fois que je vois Osaka avant mon départ.


Une demi-heure plus tard, je m'arrête à la gare d'Ashiya, commune bourgeoise quasiment rattachée à Kobe. A peine descendue du train, je me fais doubler par de nombreuses personnes vêtues de yukata, le kimono d'été. Je ne peux m'empêcher de rester admirative en voyant le nombre de filles vêtues ainsi (en soi c'est déjà un beau spectacle), mais qui sont en plus accompagnés de jeunes hommes non moins charmants mais surtout vêtus d'un yukata pour homme, chose que j'ai assez rarement vue dans ma vie, et que ça fait drôlement classe (je crois que c'est loin d'être facile de convaincre un jeune homme japonais moderne de s'habiller comme ça). Elles en ont de la chance...
En tout cas pas de doute, je suis au bon endroit : vu le nombre de yukata au mètre carré, un matsuri se prépare. Arriver jusqu'au lieu où le feu d'artifice sera tiré relève du parcours du combattant : les gens font la queue pour les trains et les bus, et un organisateur à qui je demande un plan pour y aller à pied m'affirme que ça prendre entre 35 et 40 mn. Je suis en avance, alors au point où j'en suis, autant marcher. Je me fie moins au plan qu'aux gens en famille et aux jeunes filles en yukata que je vois avancer devant moi ; il est sûr qu'elles me mèneront à bon port. Tout le monde marche avec entrain, et je me sens un peu intimidée d'être clairement la seule étrangère dans le lot, toute seule qui plus est.
Après avoir traversé une bourgade paisible, J'arrive enfin en bord de mer, sur des terre-pleins aménagés en espace vert. La foule grossit, afflue de partout, et nous sommes bientôt une immense cohorte à traverser le pont qui mène au parc dans lequel sera tiré le feu. Au dessus de nos têtes, une imposante voie express traverse les terre-pleins.
La foule se resserre car la police locale et les organisateurs gèrent l'accès au site ; il faut se mettre d'un seul côté du trottoir, et traverser aux trois passages piétons d'un carrefour, dont les feux qui repassent au rouge ralentissent notre progression.


Enfin, j'atteins une allée du parc déjà bordée de stands de nourriture et de jeux, et la proportion de yukata autour de moi a doublé. L'ambiance est à la fête, et tant pis pour la chaleur. Les enfants s'agglutinent autour des stands où l'on peut pêcher des poissons rouges ou de petites balles qui donnent droit à un cadeau. Les plus grands se font servir de copieuses portions de nouilles sautées ou de takoyaki. Certains tentent de se retrouver parmi la foule, ça se bouscule, ça rit. Je suis contente d'être témoin d'un "moment de fête à la japonaise", car on sent l'ébullition calme qui s'empare des gens heureux de profiter d'un peu de bon temps. Et en même temps, ça pèse encore plus d'être toute seule parmi les groupes d'amis et les couples réunis pour l'occasion. Je voudrais bien partager ce moment avec quelqu'un...






N'ayant pas très faim, je pars d'abord à la recherche d'un endroit stratégique pour regarder le feu d'artifice. L'accès à la plage, qui permet la meilleure vue, est payant. De plus, elle est cintrée d'une haute barrière qui ne laisse rien voir. Je finis par errer sur un parking vide où sont déjà rassemblés beaucoup de personnes réservant leur place. Je finis par m'assoir sur un bord de trottoir à côté de deux filles en yukata. Pendant l'attente, j'ai tout le loisir d'écouter leurs conversations et de constater qu'elles n'ont pas lésiné sur la manucure et sur la coiffure sophistiquée. Elles portent, comme beaucoup de jeunes filles, des yukata modernes, avec de la tulle bouffante en guise de obi. C'est d'ailleurs un véritable défilé qui se joue devant moi. Les spectateurs passent devant mes yeux à la recherche d'une place, et je n'ai que le loisir d'admirer leur mise. Les couleurs des yukata sont tout de même assez similaires, on dirait que les Japonaises ne vivent qu'à travers le violet et le rose. Avec de la tulle bouffante. Les hommes en yukata sont d'autant plus chic qu'ils sont rares. C'est un spectacle pour les yeux (oui, je trouve ça *vraiment* classe). J'aperçois quelques étrangers aussi, et me sens un peu moins seule.





Et puis, enfin, après l'attente, les lumières s'éteignent et le spectacle commence.








Globalement c'était sympa, mais on m'avait dit que les feux d'artifice japonais étaient grandioses et duraient trois fois plus longtemps que ceux que l'on voit en France. Ca doit dépendre de la ville qui l'organise, car celui d'Ashiya, sur les trente minutes prévues, comprenaient beaucoup de pauses et de moments moins spectaculaires que je l'aurais imaginé. En revanche le "bouquet final" était à couper le souffle, c'est sûr. Je tenterai le feu d'artifice d'une grande ville la prochaine fois, pour comparer ♪

Les dernières fusées ont éclaté dans une détonation tonitruante, et déjà les gens rebroussent chemin vers les stands de nourriture. Le nombre de spectateurs est colossal, et nous allons très probablement partir tous dans la même direction, vers la gare. Je sais qu'il me reste environ quarante minutes de marche, alors je fais un tour rapide aux stands histoire de grignoter quelque chose. Je me rends compte qu'on ne profite pas d'un matsuri toute seule. J'ai à peine envie de manger quelque chose si ce n'est pas pour partager avec quelqu'un. Pour la forme, cependant, je grignote une brochette de pomme de terre et des budô-ame (comme la pomme d'amour, mais version raisin).


S'en suit le début d'une longue marche pour rejoindre la gare. Les gens s'éparpillent de chaque côté de la rivière qui mène en ligne droite jusqu'au quartier de la gare. La pénombre donne une atmosphère particulière à notre cohorte de marcheurs. Hormis quelques voitures sur les grands axes, tout est calme. J'adore ce moment.




Mais je vais trop loin, perds du temps, demande mon chemin à un conbini, et dois rebrousser chemin pour retrouver la gare. Celle-ci est étonnamment moins peuplée que ce que je croyais. On dirait qu'on a semé des gens en route...
Je monte dans mon train pour rentrer à la maison, et raconterai les exploits de ma journée à mon chéri. Le lendemain sera ma toute dernière journée dans le Kansai, et j'irai en profiter dans l'une des plus belles villes de ce pays.

Prochain épisode : Kyoto.

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