vendredi 25 novembre 2011

Mont Fuji : Petit topo

Il y en a bien parmi ceux qui viennent faire un tour sur mon blog (et parmi ceux qui y viendront plus tard) certains qui tenteraient bien l'aventure "Mont Fuji". Dans beaucoup de guides, et sur de nombreux blogs de précédents grimpeurs, on trouve globalement les mêmes types de conseils, mais les avis diffèrent souvent quant à la réalisation de la chose. C'est-à-dire que clairement, je vois deux discours : soit le Fuji est globalement une longue grimpette, pas pour les débutants certes, mais abordable, soit c'est un calvaire sans nom qui, malgré son enjeu passionnant et qui en vaut le coup, demande beaucoup de courage et de force physique.
Pour ceux qui ne sauraient plus à quel saint se vouer (comme moi avant de grimper), je vais tenter d'être la plus objective possible.

Je me borne d'emblée à parler d'une ascension de nuit, ce que de nombreux marcheurs entreprennent dans le but de voir le lever du jour au sommet du mont.
Il s'agit donc de suivre les pistes bien aménagées sur les flancs du volcan, sur un dénivelé de 1500 m environ, ce qui prend, vu la raideur de la pente, 5 à 6 heures pour le marcheur moyen.
Grimper la nuit a des avantages. En calculant bien son temps, en comptant les pauses et sans arrêt dans un refuge, on est à peu près sûr d'arriver tout en haut juste avant le lever du soleil. Pour ce faire, je pense qu'il faut absolument éviter les week-ends. Nous étions parties un jeudi soir, et ça se corsait un peu niveau fréquentation lors des passages étroits proches du sommet. Je n'ose imaginer ce que ça aurait été un samedi...
En ne s'arrêtant pas à un refuge pour quelques heures ou la nuit (ce qui est tout à fait possible, cependant, mais pour la nuit entière il faut réserver à l'avance pour avoir de la place) on économise, surtout. Parce que 5000 yen (presque 50€) ou plus la place en refuge, dans des conditions assez spartiates, euh...j'ai préféré affronter le froid de la nuit ce coup-ci.

Mais une ascension de nuit a, comme je l'ai peut-être bien fait sentir dans mon récit précédent, de sérieux inconvénients ; il fait nuit, évidemment, et il fait surtout extrêmement froid.
L'obscurité ne facilite bien sûr pas la tâche quand ça grimpe sec et qu'il faut escalader des amas de roche volcanique. La lumière frontale reste indispensable (et j'ai bien galéré sans, malgré l'aide de mes compagnes). Je pense aussi qu'il serait difficile de grimper dans de bonnes conditions sans de bonnes et vraies chaussures de marche. C'est presque une question de sécurité lorsqu'on se fraie un chemin entre deux rochers ou parce qu'on glisse parfois facilement sur les petits cailloux qui composent le sol. Globalement, les premières heures d'ascension se font sans heurt, mais ça se complique assez vite. Non pas que ce soit insurmontable, mais c'est éprouvant, les genoux sont beaucoup sollicités et les rochers énormes à escalader se succèdent presque sans fin jusqu'au sommet. Il vaut mieux prévoir de quoi grignoter même si on n'a pas trop faim, histoire de recharger régulièrement les batteries. Tout ce qui est calorique est bénéfique, les "coups de fouet" réguliers sont nécessaires vu l'effort demandé ! Selon certains guides touristiques, il y a en effet des risques d'hypoglycémie une fois arrivé au sommet. Barres de céréales, chocolat et autres feront bien l'affaire. Et évidemment, il faut boire régulièrement.

L'autre problème majeur d'une ascension de nuit est la température. A moins d'être suréquipé  et prêt à tout éventualité comme un Japonais (mais je ne pense pas que le touriste de base s'encombre de la combinaison de randonnée en montagne adéquate lors d'un séjour estival au Japon), il faut au moins savoir qu'on va avoir froid de toute manière. Alors autant prévoir au moins quatre épaisseurs, je pense. La chute de température est vertigineuse surtout entre la station 7 et la station 8. Des gants épais et un coupe-vent sauveront peut-être la mise si vous n'êtes pas trop frileux. Sinon, il vaut mieux s'attendre à "bien se les cailler" au sommet, car, j'insiste, il fait *vraiment* super froid là-haut (oui en même temps à 3 700 m d'altitude, je sais...). Les heures de marche s'accumulant, et malgré les pauses et les divers casse-croûtes, c'est à une sacrée nuit blanche que vous aurez affaire. La fatigue est accentuée par le froid et les coups de vent incessants qui balaient les flancs de la montagne. Lorsque vous devez patienter immobiles dans des passages fréquentés, c'est presque une torture.

Un autre souci réside dans la perte d'oxygène au fur et à mesure de l'ascension. Même si elle est assez minime pour ne pas être évoquée dans la plupart des guides touristiques, j'en parle tout de même car elle a eu des effets sur moi, même si moins sur mes compagnes de voyage. Je pense que mes pertes d'équilibre régulières étaient dus au fait que l'oxygène se fait plus rare en altitude. On sent également que la respiration se fait plus profonde, comme si on allait chercher très loin l'air à respirer car il contient moins d'oxygène que d'ordinaire. Je suppose que ça contribue à fatiguer l'organisme aussi. Il se peut que ce genre de petits troubles n'affecte pas tout le monde, mais il vaut mieux le savoir.

Et alors, avec toutes ces contraintes, pourquoi diable faudrait-il se lancer dans pareille aventure ?
Parce que le jeu en vaut la chandelle. Très honnêtement, une personne bien constituée, en bonne santé, ayant prévu de quoi surmonter le froid et en se ménageant des pauses régulières, n'aura pas de problème majeur pour arriver jusqu'au sommet du mont Fuji. La récompense, le fameux lever de soleil, est un spectacle qui, je pense, justifie l'effort et le mal qu'on s'est donné pendant cinq à six heures auparavant.

Pour ce qui est de la descente, elle réduit à néant le peu de forces qui restait dans les genoux. Il faudra compter environ 3 à 4 heures en descendant sans courir. Le sol friable rend parfois le trajet pénible, mais globalement c'est la répétition des zig-zags sacrément inclinés qui risque plutôt de lasser le marcheur fatigué, qui pourrait avoir l'impression de ne pas en voir le bout. Mes compagnes de voyage ont été littéralement achevées par la descente, alors que j'étais plutôt ravie de découvrir les paysages du volcan et en contre-bas (puisqu'en montée, on n'avait absolument rien vu dans l'obscurité). Je prenais des photos tranquillement, et on faisait des pauses régulièrement. Ca m'a paru un chouïa longuet, mais la température redevenant acceptable assez rapidement, il fallait juste prendre son mal en patience et regarder un peu autour de soi.
Bref, chacun son ressenti mais je pense honnêtement que ce n'est pas la descente la partie la plus insurmontable.



Quant aux heures de sommeil perdues, on les rattrape dans le bus au retour, et en rentrant chez soi faire une longue sieste. A moins que, comme moi, vous enchaîniez sur une journée non-stop "déjeuner avec les copines/karaoke le soir" et vous endormiez comme un bébé le soir venu. Et le lendemain matin, presque pas de courbatures !

Dans tous les cas, malgré toutes les hésitations et les difficultés à anticiper, avec une bonne préparation, je vous recommande chaudement d'aller faire un tour sur le plus haut volcan du Japon.

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